Spiritualité - Réflexions personnelles

La pitié

La pitié, ce sentiment si destructeur

Si je soulève ce sujet, c’est parce que je voudrais remettre le sentiment de pitié à sa juste place, c’est-à-dire à la poubelle. Il pourrit la vie d’innombrables personnes et a pourri la mienne pendant de nombreuses années jusqu’à ce que ça fasse tilt.

On apprend aux êtres humains dans la plupart des cultures depuis la nuit des temps que la pitié est une vertu, une qualité de cœur. Nos éducateurs (parents, professeurs, médias, prêtres,…) nous inculquent que celui qui n’a pas pitié du malheur des autres n’a pas de cœur, qu’il est égoïste.

Face au malheur d’autrui, peu importe lequel, il y a 3 attitudes possibles :
1) l’indifférence totale
2) la pitié
3) l’empathie

Les deux premières attitudes sont dommageables, aussi bien pour soi que pour autrui.
On confond souvent pitié et empathie.
En gros, la pitié est un défaut de l’égo, l’empathie est une qualité de coeur.

Ceux qui vivent dans la pitié ont peur que leur arrivent les mêmes calamités que ceux qui subissent des souffrances ou des malheurs de tout ordre. C’est la mort qu’ils entrevoient. Ils sont face à leur peur de la mort. Ils ignorent la signification de la maladie, d’un accident, de la souffrance, de la mort. Ils pensent que tout est dû au hasard et vivent dans la crainte que le prochain coup du sort ne se jette sur eux. La souffrance de l’autre les renvoie à eux-mêmes et ils réagissent en fonction de leur peur. C’est un sentiment tout à fait égoïste.
Ils ont peur du regard des autres. Surtout ne pas choquer. Ils préfèrent l’hypocrisie – même si dans leur for intérieur ils aimeraient secouer celui qui n’arrête pas de se plaindre – pour ne pas perdre la reconnaissance des autres et pour ne pas être différents des autres.
Celui qui a besoin de la reconnaissance d’autrui ne se reconnaît pas lui-même.

Vivre dans la pitié a des conséquences désastreuses, aussi bien pour celui qui a pitié que pour la victime :
– Pour lui-même : il essayera de minimiser l’état du malade, de cacher la vérité, voire de mentir. Mais il ment aussi bien à lui-même qu’au malade. D’autres prennent le poids de la souffrance des victimes sur eux ou culpabilisent. Ils vivent en fonction des autres au détriment d’eux-mêmes. Ils ne s’estiment pas, s’oublient, n’écoutent donc pas leur coeur. Ils ne vivent pas leur vie. Ils se vident petit à petit de leur énergie dont se nourrissent les plaintifs. Les non-dits et les frustrations accumulés font des dégâts énergétiques et physiques à long terme.
En outre, selon une des Lois fondamentales de l’Univers, la Loi de l’Attraction (nous récoltons ce que nous semons), ils attirent à eux la pitié les empêchant de dépasser leurs propres obstacles que leur âme met sur leur route pour qu’ils évoluent. Ces gens-là n’évoluent pas; ils restent dans l’inertie totale.

– Pour celui qui souffre : on le maintient dans un sentiment de victime, donc on le déresponsabilise, on ne lui permet pas de dépasser l’obstacle qui se présente à lui et donc de grandir. Il stagne et s’enfonce dans son état de victime dans lequel il se complaît. Il pompe dans son entourage toute l’énergie dont il a besoin pour vivre. Certains se complaisent tellement dans cette situation qu’inconsciemment ils ne voudraient même pas guérir.

L’empathie, quant à elle, est ressentie par ceux qui comprennent la maladie, la souffrance, les obstacles qui se présentent sur le chemin d’une personne parce que cette personne a choisi (consciemment ou inconsciemment) de vivre et de dépasser un obstacle ou parce que son âme a choisi avant de s’incarner de vivre tel handicap, telle souffrance. L’empathie est une des formes de l’amour inconditionnel. L’empathie, c’est comprendre la souffrance de l’autre – qu’elle fait partie de son karma – mais c’est en plus sentir la souffrance de l’autre, l’accepter et, autant que possible, aider le souffrant à comprendre sa maladie/la victime à comprendre son malheur, à dépasser son blocage, ses obstacles. Tout est mouvement dans l’univers. Une maladie qui n’est pas comprise est un blocage. Il y a donc inertie. La pitié maintient cette inertie; l’empathie permet le mouvement.

L’empathie se vit dans le coeur. En fonction du cas, elle s’exprimera en douceur, avec véhémence ou dans le silence :

1) Il y a des discours que certaines personnes face à la maladie ou la mort, la sienne ou d’un proche, ne sont pas prêtes à entendre parce leur vision de l’univers, de la vie, de la mort, et donc de la maladie, est limitée. Un silence rempli d’empathie est la meilleure des attitudes face à ces personnes.

2) Certaines personnes sont prêtes à entendre certaines paroles parce qu’elles sont ouvertes au changement ou parce qu’elles ont une autre conscience. Mais ces personnes, frappées par le malheur, peuvent tout d’un coup retomber dans la vision limitée de monsieur-tout-le-monde, par dépit. Tout d’un coup tout s’écroule, jusqu’à leurs nouvelles croyances. Des paroles douces pleines d’amour peuvent leur faire entrevoir la lumière dans ces ténèbres.

3) Dans le cas des personnes qui se complaisent dans leur malheur, il y a lieu de les secouer, sans agressivité bien entendu, mais une certaine vigueur est nécessaire pour les « réveiller », pour les responsabiliser, au risque de perdre l’amitié (ou plutôt la reconnaissance) de la victime et de son entourage si celle-ci ne comprend pas et est choquée qu’on la secoue.

Il y a un proverbe qui dit « qui aime bien châtie bien ». Beaucoup détestent ce proverbe parce qu’il est souvent lancé à tort et à travers. Je retournerais plutôt la phrase et dirais « qui châtie aime » car celui-là qui châtie crée le mouvement dans l’univers, donne une chance au coeur d’autrui de s’ouvrir. Malheureusement on châtie souvent sans savoir ce qu’on fait, et dans ce cas il n’y a pas d’empathie puisque l’empathie sous-entend qu’il y a compréhension. Malgré cela, il y a quand même mouvement et donc possibilité de grandir. Nous ne rencontrons personne par hasard. Si quelqu’un nous porte un coup, que ce soit physiquement ou verbalement, je crois que c’est parce que nous avons là quelque chose à résoudre. Un accord a été fait au niveau de l’âme entre les personnes en interaction (mais là je m’éloigne du sujet…).

Voici deux exemples des ravages de la pitié et de la bénédiction de l’empathie :

– La mère de mon voisin a toujours été malheureuse parce qu’elle n’a jamais pris sa place dans sa vie et dans son couple. Son mari la méprise, la traite comme une moins que rien et la trompe. Elle se sent victime et se console sur son fils, mon voisin, dont elle mendie les visites et les attentions. Il est sa bouée de secours, son souffre-douleur. Et lui, il a pitié d’elle. Enfin, il a eu pitié d’elle pendant 20 ans. 20 ans d’abnégation pour sa mère qui a fini par accumuler maladies sur maladies.
Maintenant il a tout d’un coup pris conscience qu’il se faisait complètement bouffer. Il a pris une grave décision : il a décidé de dire toute sa souffrance à sa mère et de couper les ponts avec elle pour ne plus étouffer. Il aimerait bien, à 45 ans, commencer à vivre.
Il sait que sa mère en souffre mais il comprend que c’est nécessaire, aussi bien pour elle que pour lui.
Beaucoup diront « il n’a pas de coeur, il laisse sa pauvre mère seule ». Moi je dirais : il n’avait pas de coeur car il n’écoutait pas son coeur. Maintenant il réapprend à s’aimer, il retrouve son intégrité, et ce n’est qu’ainsi qu’il peut donner de l’amour autour de lui et pourra peut-être un jour revoir sa mère avec un autre regard.

– Corinne a le cancer du sein. Elle n’a que 38 ans. Ca fait des mois, depuis qu’elle l’a annoncé à son entourage, qu’elle sent leurs pleurs contenus derrière des sourires faussement rassurants. On lui organise des fêtes, on rit beaucoup, mais jamais on n’aborde sa maladie, devenue sujet tabou. Elle ne peut plus les voir en peinture! Et dire qu’elle a toujours vécu en fonction des autres, qu’elle s’est toujours donnée pour leur faire plaisir, qu’elle s’est reniée par peur de les choquer, par peur d’être différente. Maintenant elle voit clairement la mesquinerie et l’hypocrisie de ces mêmes gens. Comme si la maladie lui avait ouvert les yeux. Dans son for intérieur, un merci a déjà retenti mais elle a encore du mal à l’accepter. Elle a ouvert les yeux sur sa vie et se rend compte de sa valeur, qu’elle n’a pas le droit de la gâcher, de se gâcher, comme elle l’a fait jusqu’à présent, sans que personne ne l’y oblige. Et oui, même si elle ne surmonte pas sa maladie, qu’au moins les derniers mois ou les dernières années de sa vie soient pleins, soient vrais, soient à elle.

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