Spiritualité - Réflexions personnelles

L’éloge de la paresse

Plutôt que d’être considérée comme l’un des 7 péchés capitaux et un crime contre la société du travail, la paresse s’avère en réalité être bénéfique pour la santé du corps et de l’esprit… en tout cas la mienne !
Aaah, rester en pyjama toute une journée, traîner du lit au fauteuil, regarder le ciel et les nuages pendant des heures, jouer avec son chat et faire des siestes qui durent !

Contrairement à la fainéantise (fait néant) qui a une connotation péjorative parce qu’elle évoque un certain ennui, voire un abattement dans le « rien faire » auquel on n’arrive pas à donner un sens, la paresse c’est pour moi l’art d’être ou l’on apprend à se (re)connaître, l’art de jouer à faire, de faire sans rien faire, ou l’art de ne rien (ou presque rien) faire tout en étant utile. Utile à soi-même dans le sens où on est pleinement soi dans le présent, détaché des préoccupations et du stress qui en découle, et par là, utile aux autres dans le sens où l’on crée une énergie de calme et de sérénité qui peut avoir un impact sur l’environnement, à condition que ces autres soient réceptifs et ne soient ni égoïstes ni envieux. En effet, il peut être très énervant pour des gens toujours affairés, préoccupés et stressés de voir quelqu’un de calme à leur côté
– qui ne fait rien, ou – s’il fait quelque chose – qui le fait trop lentement et trop nonchalamment à leur goût sans faire tout à fait ce qu’on lui demande,
– qui à l’air d’être heureux dans cette situation alors qu’eux triment,
– qui pourrait au moins avoir un minimum de pitié, d’amitié ou de culpabilité pour les aider et se préoccuper comme eux !

Je pense qu’il ne sert à rien et qu’il est même néfaste de s’obliger à ne rien faire pour déstresser si l’on n’est pas convaincu que la paresse est un état de grâce, une voie vers la santé et la sagesse. La paresse est un état intérieur, une manière de vivre. Si notre voix intérieure exprime autre chose, par exemple « je me sens bien dans le monde agité », un temps d’adaptation plus ou moins long nécessitant des efforts plus ou moins importants sera nécessaire. Je m’explique. Dans notre société « moderne » où tout doit aller vite, où l’on nous inculque qu’il faut « remplir » au maximum nos journées pour qu’on se sente vivre, pour produire, pour consommer, où l’on nous inculque que le temps nous est compté, bref que paresser est une perte de temps, il est difficile non seulement de marcher à contre-courant mais également d’apprécier d’emblée cette nouvelle direction. L’inconscient est programmé et il lui faudra une bonne dose de conviction pour qu’il arrive à inverser la vapeur.
Et pourtant, il faut pour certains passer par une phase d’obligation de ralentir, une phase où l’on risque fort de culpabiliser de moins faire, où l’on stresse plus en « ne faisant pas » qu’en « faisant », avant d’arriver au stade où l’on prend plaisir à tout lâcher. Une simple question peut aider à se raisonner : « à quoi cela sert-il de courir ? ». Et une fois que ce sentiment autopunitif est passé, c’est comme si un nouveau monde s’ouvrait !

La sieste est certainement le passe-temps favori du paresseux, mais pour moi la paresse ne se résume pas à cela. Celui qui fait une sieste entre deux activités stressantes n’est pas un paresseux. Elle permet de décompresser mais son bénéfice est perdu si le stress reprend le pouvoir après.

Si la paresse est un état intérieur, paresser ne se limite pas à « ne plus bouger ». On peut très bien s’activer dans un état de paresse. Notre corps, nos doigts bougent mais nous sommes tout entier dans un état de paresse délicieux où le temps n’existe plus, où l’on se sent détaché du matériel, où l’on prend plaisir à jouer à l’aide de nos mains et de notre cerveau sans nous encombrer de préoccupations comme celles qui parasitent l’esprit des gens qui courent sans arrêt. Ces préoccupations sont pour la plupart : la peur de ne pas être dans les temps, peur de mal faire, peur de ne pas avoir le temps de faire les autres choses prévues dans le planning – toutes ces peurs provenant de la peur d’être incompris/critiqué/ pas reconnu/ pas aimé – peur qui, elle, vient du fait qu’on ne se reconnaît pas soi-même, qu’on ne reconnaît pas qui on est vraiment, c’est-à-dire une âme éternelle incarnée dans ce corps le temps d’une de nos innombrables vies.

Paresser, c’est vivre son Moi pleinement dans sa pleine reconnaissance !

 

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