Réalisations - La rime à tout prix

Le ver de terre et la limace

Le ver de terre

Il était une fois un ver de terre
gros, long, rose, mou et très solitaire
qui un jour avait vu des petits hommes verts
atterrir dans un champ de pommes de terre.
Les E.T. captèrent
son esprit ouvert
et son fichu caractère
et l’invitèrent
dans leur vaisseau interplanétaire.
Ils lui greffèrent sur la peau un implant vert,
puis l’éjectèrent
sans aucun commentaire.
Quand il revint les pieds sur terre,
notre ver comprit qu’il fallait qu’il se terre.
Il chercha vite un abri salutaire
et trouva un chou-fleur, dont il se fit propriétaire
pour des raisons purement alimentaires.
Il se mit ensuite à bichonner son pied-à-terre
et creusa des cratères avec des artères,
qu’il couvrit de posters
de petits hommes verts,
sans oublier par ci par là quelques coins sanitaires
pour relâcher son sphincter.
Malgré l’odeur suffocante de chou-fleur pas piquée des vers,
il décida de se mettre pour quelques temps au vert,
histoire de découvrir ses pouvoirs supplémentaires.
Lui qui avait plutôt des instincts rudimentaires
voire pervers,
voilà qu’il se prit à aimer la Terre,
à avoir des élans humanitaires,
et encore d’autres bizarreries à se taper le cul par terre.
C’est pas tout, il pouvait se transformer en coléoptère,
en hamster
ou en secrétaire …
Cool, quoi, du moment que ça terminait en ‘ver’ ou en ‘terre’.
Tout à coup il se sentit soulevé de terre
de manière autoritaire
comme si des E.T. le guidaient d’un point de l’univers.
D’abord ils l’asticotèrent,
puis ils l’agitèrent,
le ballottèrent,
et enfin ils l’orientèrent
vers quoi, vers qui ? Mystère…
C’est ainsi qu’un ver de terre,
arriva par fax à Marina, la destinataire,
sous forme de petits vers,
pour que ses collègues lèvent leur verre
car il s’avère
qu’elle compte aujourd’hui une année supplémentaire.

Pour Marina

La limace

Il était une fois une limace
grosse et grasse
qu’on pouvait suivre à la trace
à cause de sa traînée gluante de chiasse.
Elle venait d’une autre planète de l’espace,
déposée par un vaisseau spatial en un atterrissage fugace
avec ordre de se fondre dans la masse
et de ramener des informations en masse
sur ces humains complètement à la masse.
Malgré ses allures mollasses
qui camouflaient bien ses desseins rapaces,
elle était pas du genre dégueulasse
à se dire « i’ sont partis, moi je m’prélasse ».
Elle se mit donc directement en place.
Avec ses étranges antennes pointues assez cocasses,
elle capta facilement les vibrations pas trop basses
d’un certain Joaquim qui, de plus, n’avait pas de carapace.
Elle apprit des choses étonnantes sur notre planète et notre race :
que les grenouilles coassent ;
que nous sommes dégoûtés à la vue d’une limace ;
que nous bouffons des crasses ;
que nous sommes à la merci d’une poignée de vautours voraces ;
que nos pensées rendent nos vies couleur gris crasse ;
que nos progrès scientifiques foutent la poisse ;
et puis que nous sommes peut-être bêtes et bornés en surface,
mais que nous abritons au fond un coeur pur plein de grâces,
d’où jaillit un amour vivace
souvent inhibé par la peur qui peut aller jusqu’à l’angoisse.
Chez Joaquim, ces ondes d’amour étaient si fortes et coriaces,
– émotion qui dans sa vie devait sûrement prendre toute la place –
qu’elle essaya d’en craquer le code d’accès sans mot de passe.
Après maints essais inefficaces,
elle finit par entrer en résonance et se trouver face à face
avec son coeur ouvert côté face.
Quand elle eut fini de tout recopier, elle y laissa une dédicace :
« Vas-y, Joaquim, continue ta mission, brise la glace,
ne t’arrête pas, partout décrasse, enlace et embrasse.
Joyeux anniversaire de la part d’une extra-limace. »
Et, satisfaite, elle repartit dans l’espace.

Pour Joaquim

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