Un miracle
J’ai vécu un miracle. Oh, pas de ceux que nous offre à tout instant la Nature, non, je veux dire un de ces miracles qui survient alors que tout aurait pu basculer, où d’un moment à l’autre on passe de l’horreur à l’illumination, où l’on frôle la mort et où l’on retrouve la Vie.
C’était en 1999, un samedi d’automne. Il était aux alentours de 14h et je rentrais chez moi par les petites routes à travers Bruxelles dans ma petite AX. Il pleuvait à verse et les nuages noirs qui recouvraient le ciel assombrissaient les rues. La pluie battante et l’obscurité rendaient la visibilité très mauvaise et me forçaient à rouler très lentement.
J’empruntai une rue étroite qui était tout à fait dégagée dans mon sens mais embouteillée d’un bout à l’autre dans le sens inverse. Les voitures étaient carrément à l’arrêt.
A la hauteur d’un passage pour piétons dont les feux étaient verts pour moi, je vis tout à coup deux enfants déboucher derrière une des voitures à l’arrêt et courir devant ma voiture. Je ne les avais pas vus et ils ne m’avaient pas vue. J’appuyai sur le frein de tout mon poids, comme si ça pouvait aider, mais la voiture dérapa sur la route glissante. Un des enfant (8 ans) se cogna la tête à mon rétroviseur et je le perdis de vue, tandis que l’autre (10 ans), qui s’était avancé plus loin devant ma voiture, se cogna au capot puis disparut en dessous de ma voiture. Ma voiture continuait à glisser interminablement et moi je criais, je criais, je criais… Quand on meurt, il paraît qu’on revoit tout le film de sa vie en quelques secondes. Moi j’ai vu un film d’horreur de mon futur en quelques secondes. J’ai tué deux enfants ! Moi qui aurais tellement voulu avoir des enfants et qui n’ai jamais pu en avoir… Quel était donc là le message de Dieu ? Tout en criant, j’avais tout de même une infime lueur d’espoir : je n’avais pas senti les roues de ma voiture toucher quelque chose…
Après de longues secondes qui me paraissaient des heures, ma voiture finit par s’arrêter 5 à 10 mètres plus loin. Je tremblais de tous mes membres. Je me sentais finie, foutue, morte, anéantie. Je n’osais pas sortir et voir l’horrible spectacle. Mais il le fallait.
C’est à cet instant que je vis le miracle : les deux enfants étaient là debout dans la pluie battante devant ma voiture, indemnes ! Je leur demandai comment ils allaient, comment ils se sentaient. Ils ne répondirent pas et s’encoururent. Je les rattrapai et leur demandai d’attendre pour que je les accompagne chez eux puis à l’hôpital. Je garai ma voiture qui était en plein milieu de la route et les rejoignis. Ils parlaient espagnol. Ils me conduisirent au dernier étage d’une vieille maison très étroite où ils vivaient avec leur mère dans un deux pièces minuscules. Ils étaient d’origine colombienne, probablement des réfugiés clandestins. Ils ne parlaient pas un mot de français et il se trouve que je parle couramment l’espagnol. Je leur demandai pourquoi ils s’étaient encourus : « parce que nous sommes en tort, nous n’avons pas obéi à maman ». Ils demandèrent pardon 15 fois. J’eus beau leur dire qu’en Belgique, les piétons sont toujours en droit, rien n’y faisait. Pablo, l’enfant de 8 ans, n’arrêtait pas de parler. Il raconta à sa maman l’accident à sa façon, comme si ça avait été un jeu, une expérience excitante, et il riait et il montrait, tout fier, sa grosse bosse sur le front. Le grand, Miguel, était encore sous le choc. Il raconta qu’il s’était jeté au sol dans le sens de la marche les bras en avant pour se faire le plus fin possible, et il était ressorti de l’autre côté sans avoir touché la voiture. Il avait le pantalon troué et des éraflures au genou d’avoir plongé sur la route. Je dus insister fortement pour que la mère accepte que je les emmène à l’hôpital pour les faire ausculter. Elle était malade et ne paraissait pas trop se rendre compte de ce qui venait de se passer. Je me dis en moi-même que j’avais beaucoup de chance de ne pas être tombée sur des enfants belges. On m’aurait probablement traînée devant les tribunaux.
A l’hôpital, les médecins n’en crurent pas leur oreille en entendant l’histoire. Les scanners ne révélèrent rien d’anormal. Pendant les examens, Pablo continuait de parler. Il raconta qu’un jour il était passé en dessous d’un camion en Colombie. Il avait eu de nombreuses blessures dont plusieurs côtes cassées. Ca lui avait valu 3 mois d’hôpital. Il racontait ça comme on raconte un exploit au foot. C’était hallucinant. Je les raccompagnai chez eux, je leur laissai mes coordonnées au cas où ils sentiraient plus tard des séquelles et ils me dirent « au revoir » comme à une amie et ils me remercièrent de tout leur cœur comme si je leur avais offert un moment de bonheur ! Quelle leçon !
Quand le garagiste entendit mon récit, lui non plus n’en crut pas ses oreilles. Il n’y avait qu’un seul espace étroit en dessous de la voiture où Miguel aurait pu passer sans toucher la boîte de vitesse ou d’autres pièces et c’est précisément dans cet espace qu’il était passé !
L’univers doit parfois secouer avec force certaines personnes pour qu’elles comprennent qu’elles ne sont pas sur le bon chemin. J’avais pris une grave décision dans ma vie que je sentais juste et j’étais en train de douter de moi, de me laisser embobiner par le Malin. J’ai bien compris et je remercie de tout mon cœur ces deux enfants qui ont joué un rôle très important, mais aussi très dangereux, dans cette leçon.
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Suite à un échange avec AbbyEve, qui gère le site « Nouvelle Genèse : le Paradigme de l’Alternation » (je vous invite à le consulter, il est d’une grande richesse !), je partage ici le témoignage d’un vécu qu’on lui a relaté, de l’ordre du miracle aussi.
Preuve que des anges de Dieu sauvent des enfants de Dieu