La grenouille
Il était une fois une sale petite pétasse de grenouille
qui s’prenait pas pour une andouille
à se baigner dans des bénitiers comme certaines grenouilles
qui tremblent de trouille
que le diable ne les tente et ne les souille.
Non, c’était pas une poule qui mouille,
elle les avait au cul les couilles,
et avec ça un orgueil gros comme une citrouille.
Un jour qu’elle était en vadrouille,
coassant et sautillant entre choux, salades et fenouils,
exhibant partout ses petites cuisses de grenouille,
et prête à défier un bœuf sans passer cette fois pour une nouille,
elle se trouva nez à nez avec une certaine Tiboule
qui avait dans le quartier une réputation de fripouille :
on disait qu’elle ne faisait qu’une bouchée des casse-couilles
qui sur ses plates-bandes farfouillent.
Avant que de colère celle-ci ne bouille,
la grenouille se composa une bonne bouille
pour que Tiboule lui épargne ses griffes qui point ne chatouillent.
« Ta vie est sauve, espèce de pedzouille,
mais faudra que devant ma maîtresse tu t’agenouilles
et que deux mots tu lui gazouilles.
Et gare à toi si tu bafouilles,
car je t’écrabouille ! »
C’est ainsi qu’une grenouille
que soudain une menace embrouille
se retrouva devant Rosa comme une grosse nouille
à coasser un « Joyeux Anniversaire » la bouche en cul de poule,
qui lui laissa dans la gorge quelque chose qui gratouille,
mais qui éveilla son cœur que l’égo avait couvert de pourriture et de rouille.
Pour Rosa
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La caricole
Il était une fois une caricole
qui avait échappé de justesse à la casserole
d’une marchande espagnole
qui tirait sa carriole
dans les rues des Marolles.
Elle s’appelait Nicole.
Elle rampa pendant des jours sans boussole
par rues et rigoles
à la recherche de bricoles
à se mettre sous sa dent molle.
Mais un jour, elle tomba sur d’horribles bestioles
qui l’empoignèrent par le col,
lui chatouillèrent la mijole,
et lui filèrent quelques méchantes torgnoles
avant de l’envoyer en l’air comme un ballon de football.
Après quelques fameuses cabrioles,
Nicole
retomba lourdement sur le sol
à quelques lieues de là avec sa maison et tous ses brols.
C’est ainsi que, par bol,
elle a atterri non loin de la demeure de son idole,
alias toi, Rosa, car jusqu’aux Marolles,
on parle de ton talent de chanteuse, c’est pas des fariboles.
Après tant d’années d’école
et de concerts bénévoles,
elle comprend pas comment t’as p’encore ramassé l’pactole.
Crois bien que c’est sans intention méchante ou frivole
qu’elle a laissé en passant sur tes murs et sur ton sol
une traînée luisante qui colle.
Elle s’est installée dans la plante que tu cajoles,
celle dont tout le monde rigole,
bien à l’abri de ta chatte folle,
pour à la fois dévorer ta musique et boire tes paroles,
et surtout pour te saluer le 15 octobre tout en bémol.
Pour Rosa aussi
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