Le bourdon
Il était un fois un gros bourdon,
qui avait le bourdon,
car il se sentait franchement de la farce le dindon.
Il venait d’être éjecté de la ruche comme un vulgaire comédon
après usage forcé de son instrument à reproduire des rejetons.
Il était par malchance tombé dans un vieux bidon
rempli d’ordures dégoulinantes où il se trouva englué jusqu’au menton.
C’était tomber bien bas pour un pacha glouton
qui avait fait de miel de gargantuesques gueuletons,
toujours entouré de belles abeilles butineuses aux blancs tétons.
Livré à lui-même comme si on lui avait coupé l’ombilical cordon,
il sortit de ce merdier, les pattes en coton,
avec une envie féroce de baston.
Mais tout seul il avait les jetons
alors il laissa béton.
Notre gros bourdon,
qui n’était en fait qu’un faux-bourdon,
apprit à se démerder, d’abord à tâtons,
et grâce à sa persévérance, il ne fila pas un mauvais coton.
Il atterrit dans le beau jardin de Manu… euh, splendide, pardon,
où il vola tout l’été de fleurs en fleurs aux chauds et suaves tons,
si bien qu’il était frais comme un gardon
et put survivre jusqu’au 16 décembre pour la remercier, c’était de bon ton.
Ce jour-là, il se laissa tomber dans sa soupe aux lardons
-subrepticement pour pas lui donner des boutons –
au moment où elle ajoutait les croûtons.
Faut tout dire, notre Manu est aussi bleu cordon,
cette fille, elle a tous les dons !
C’est ainsi qu’il lui fit de sa vie don.
Et trouver dans sa soupe à la fin de l’automne un bourdon,
Crois-moi, ça porte bonheur, c’est pas du bidon !
Pour Manu
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Le mille-pattes
(Petit mélange de français, de néerlandais et de patois flamand)
Il était une fois un mille-pattes
qui van tong était rad
mais racontait pas mal de prietpraat.
Il était tombé op zijn gat
après l’attaque d’une poule strontzat
qui l’avait pris op heterdaad
de squat
quelque part dans un jardin de Ternat.
Elle lui avait geklokt – dans un flamand zû plat
qu’il n’avait compris que te laat –
qu’il ferait mieux de retirer ses sales pattes
de ses feuilles de patates.
En zienikie wat ?
Il en était resté uitgepraat !
Mais rien ne servait de discuter avec cet onnûzel primate.
Il se remit sur ses krumme bienen comme un automate
et se mit op een ander pad,
à la recherche d’une oasis moins ingrate
où seules les mains délicates
de Karina, qui de ses plantes était très prat,
pouvaient effleurer ses 42 omoplates.
Ah ! c’est qu’il aimait ce jardin aux mille aromates,
et pour ne pas que de colère elle éclate
en voyant ie en doe un gat
dans une blad,
il décida de ne plus faire que des trous disparates
en forme de coeurs écarlates,
et comme ce jour-là était précisément une importante date,
il picota aussi « Pour ton anniversaire, Proficiat ! »
Pour Karina
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