Le pou
Il était une fois un gros pou
roux
sale comme un pou
qui sévissait à Laeken où
il avait déjà ravagé le caillou
des mômes de toute une école en un coup
y laissant des lentes collantes partout
qui se remarquaient surtout
par leur forte odeur d’égout.
C’était encore un de ces petits voyous
prêt à tout
qui attaquait de pauvres innocents si choux
et puis qui s’en retournait dans son trou
préparer son prochain vilain coup.
Mais le coup suivant était assez casse-cou :
il s’agissait d’aller faire un coucou
sans chercher des poux
à Charlotte dont il admirait beaucoup
les cheveux soyeux et doux.
Il en était fou.
Comme il n’avait pas obtenu de rendez-vous
Il pénétra chez elle à pas de loup
mais tomba dans la gueule du loup
car Charlotte avait tendu des pièges partout.
Elle l’écrasa avec rage et courage surtout
sans l’aide de son chouchou.
Charlotte, sache qu’un gros pou
est mort sur le coup
éteignant du même coup
toute la race des poux
car il n’était autre que … la reine des poux !
Pour Charlotte
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Le vautour
Il était une fois un vieux vautour
à poils courts
genre frimeur sur le retour.
Avec son regard glauque, jadis de velours,
des yeux pleins de pustules autour,
un bec rongé et croûteux sur le pourtour,
un crâne pelé sans espoir d’aucun recours,
un corps déplumé, flasque et balourd,
une haleine fétide de fond de poubelle de plusieurs jours,
une démarche de poule de basse-cour,
qui aurait pu croire qu’il était jadis très glamour ?
Il n’attirait plus personnes alentours.
Les gens étaient fatigués de ses sales tours,
de ses longs et pénibles discours,
qu’il rallongeait de bêtes calembours.
Lui-même était las de sa vie de requin sans amour.
Préférant crever plutôt que d’appeler au secours,
il était devenu suicidaire jour après jour,
s’enfonçant dans sa graisse, terré dans sa tour.
Il se réveilla de sa torpeur un 9 février, dans une arrière-cour
et fit le bilan de son sordide parcours.
Ce fut un jour hautement symbolique car il comprit sans détour
que dans la vie on réussit ou on se goure,
c’est une question de choix : la peur ou l’amour.
Pour Joaquim
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