Réalisations - La rime à tout prix

La limace

Il était une fois une limace
grosse et grasse
qu’on pouvait suivre à la trace
à cause de sa traînée gluante de chiasse.
Elle venait d’une autre planète de l’espace,
déposée par un vaisseau spatial en un atterrissage fugace
avec ordre de se fondre dans la masse
et de ramener des informations en masse
sur ces humains complètement à la masse.
Malgré ses allures mollasses
qui camouflaient bien ses desseins rapaces,
elle était pas du genre dégueulasse
à se dire « i’ sont partis, moi je m’prélasse ».
Elle se mit donc directement en place.
Avec ses étranges antennes pointues assez cocasses,
elle capta facilement les vibrations pas trop basses
d’un certain Joaquim qui, de plus, n’avait pas de carapace.
Elle apprit des choses étonnantes sur notre planète et notre race :
que les grenouilles coassent ;
que nous sommes dégoûtés à la vue d’une limace ;
que nous bouffons des crasses ;
que nous sommes à la merci d’une poignée de vautours voraces ;
que nos pensées rendent nos vies couleur gris crasse ;
que nos progrès scientifiques foutent la poisse ;
et puis que nous sommes peut-être bêtes et bornés en surface,
mais que nous abritons au fond un coeur pur plein de grâces,
d’où jaillit un amour vivace
souvent inhibé par la peur qui peut aller jusqu’à l’angoisse.
Chez Joaquim, ces ondes d’amour étaient si fortes et coriaces,
– émotion qui dans sa vie devait sûrement prendre toute la place –
qu’elle essaya d’en craquer le code d’accès sans mot de passe.
Après maints essais inefficaces,
elle finit par entrer en résonance et se trouver face à face
avec son coeur ouvert côté face.
Quand elle eut fini de tout recopier, elle y laissa une dédicace :
« Vas-y, Joaquim, continue ta mission, brise la glace,
ne t’arrête pas, partout décrasse, enlace et embrasse.
Joyeux anniversaire de la part d’une extra-limace. »
Et, satisfaite, elle repartit dans l’espace.

Pour Joaquim, mon mari

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