pour Joaquim

Il était une fois un vieux vautour
à poils courts
genre frimeur sur le retour.
Avec son regard glauque, jadis de velours,
des yeux pleins de pustules autour,
un bec rongé et croûteux sur le pourtour,
un crâne pelé sans espoir d’aucun recours,
un corps déplumé, flasque et balourd,
une haleine fétide de fond de poubelle de plusieurs jours,

une démarche de poule de basse-cour,
qui aurait pu croire qu’il était jadis très glamour ?
Il n’attirait plus personnes alentours.
Les gens étaient fatigués de ses sales tours,
de ses longs et pénibles discours,
qu’il rallongeait de bêtes calembours.
Lui-même était las de sa vie de requin sans amour.
Préférant crever plutôt que d’appeler au secours,
il était devenu suicidaire jour après jour,
s’enfonçant dans sa graisse, terré dans sa tour.
Il se réveilla de sa torpeur un 9 février, dans une arrière-cour
et fit le bilan de son sordide parcours.
Ce fut un jour hautement symbolique car il comprit sans détour
que dans la vie on réussit ou on se goure,
c’est une question de choix : la peur ou l’amour.